Le projet de recherche LEGIPAR, porté par des chercheurs de Sciences Po Bordeaux (Centre Emile Durkheim) et Sciences Po (Centre d’Etudes européennes), est fondé sur un double constat.
Le premier est la nécessité d’une réflexion informée et objective sur la (dé)légitimation des systèmes politiques français et de l’Union européenne. Les nombreux travaux qui ont diagnostiqué une crise démocratique ont peu envisagé la place et le rôle des parlements et de leurs membres dans les processus de légitimation et de gouvernance. Désormais, ils tendent à se focaliser sur les formes alternatives de participation. Or, la représentation parlementaire continue de jouer un rôle central dans le fonctionnement des systèmes démocratiques contemporains, et doit de fait être réintégrée à la réflexion sur leur état et leur devenir.
Le second constat est celui de l’extrême faiblesse de l’étude des phénomènes parlementaires en France, qui constitue une branche très dynamique de la science politique à l’échelle internationale. Les chambres et les parlementaires français restent de ce fait des inconnus.
Une démarche originale

Le projet LEGIPAR se propose de remédier à cette double carence en appréhendant la question de la représentation parlementaire de manière globale et systématique. Il s’agit non seulement de se doter des éléments d’analyse habituellement disponibles pour cerner l’identité, les activités, les perceptions et les valeurs des parlementaires, mais aussi de proposer une démarche empirique innovante, fondée sur des options méthodologiques et épistémologiques originales :
    • le dépassement de la dichotomie entre les approches de la représentation par les acteurs, d’une part, et par les institutions ou les structures sociales, d’autre part ;
    • le recours combiné et raisonné à des approches quantitatives et qualitatives ;
    • l’étude de la représentation du double point de vue des élus et des citoyens ;
    • l’analyse comparée des membres de l’Assemblée nationale et des élus français du Parlement européen.

Trois opérations de recherche combinées
Ces options sont mises en œuvre dans le projet LEGIPAR à travers trois opérations de recherche :
1. une étude systématique de l’identité, des représentations et des valeurs des parlementaires, à travers le recueil de données socio-biographiques, la passation d’un questionnaire détaillé auprès des élus, l’organisation d’entretiens approfondis avec ceux-ci et l’étude de leur emploi du temps, Plus de 260 députés ont déjà répondu aux questions ;  
2. une analyse des activités des parlementaires, au sein de l’institution et en circonscription, grâce au recueil de données sur leur travail parlementaire, du suivi d’un échantillon d’élus en circonscription et d’une étude de la discipline partisane ;
3. une étude du regard que les citoyens portent sur leurs élus au moyen de l’organisation de groupes d’entretiens. Ces données nous permettent d’analyser la contribution de la représentation parlementaire à la légitimation et à la gouvernance des systèmes politiques français et européen. Elles sont aussi mobilisées pour traiter de diverses thématiques : les conséquences des nouvelles formes de participation sur la représentation parlementaire ; l’impact des comportements des élus sur l’influence du parlement ; la représentation des genres et des minorités dans les assemblées ; les effets de l’intégration européenne sur l’Assemblée nationale. Onze groupes d’entretiens ont été effectués.

Une éthique de recherche
Les préoccupations éthiques sont au cœur du projet LEGIPAR. Son but est d’améliorer la connaissance académique et profane de l’identité et des activités des élus ainsi que de la contribution des parlements à la légitimation et à la gouvernance des systèmes politiques français et européen, en se gardant de tout jugement de valeur.
Les propos tenus par les élus lors des entretiens ne sont pas cités sans autorisation. Les données relatives au profil des parlementaires, à leurs activités et à leurs perceptions sont traitées sur un mode purement statistique et sont totalement anonymisées.